L’étude financière d’une société comprend plusieurs parties:
I – L’appréciation du risque financier que présente le projet ou seuil de rentabilité :
II – La trésorerie nécessaire pour l’exécution du projet
III – Les tableaux comptables permettant la bonne tenue de route de la société après son lancement.
I – L’appréciation du risque financier que présente le projet – seuil de rentabilité :
Tout projet de création d’entreprise est synonyme de risque financier, donc de perte éventuelle
d’argent.
Comment savoir si un projet donné engendrera des bénéfices ou des pertes à plus ou moins long
terme ?
La réponse a cette question se trouve dans la notion de « seuil de rentabilité », et le montant mensuel
des dépenses indirectes.
- Le seuil de rentabilité
Le seuil de rentabilité est le montant des ventes nécessaires pour obtenir un bénéfice net nul.
En d’autres termes la société ne perd ni ne gagne d’argent. C’est à partir de ce résultat que le risque
est neutralisé puisque la société ne perdra plus d’argent si son Chiffre d’affaire est égal au seuil de
rentabilité.
Pour évaluer le seuil de rentabilité il est important de bien connaitre le marché sur lequel l’entreprise
se lance.
Les caractéristiques d’un marché sont variées mais celle qui nous intéresse surtout, pour le calcul du
seuil de rentabilité, est la marge brute.
- La marge brute
C’est le pourcentage de bénéfice brut dégagé par chaque vente, après déduction des coûts des
produits vendus (ou coûts directs).
Cela veut dire que si un produit vendu à 100 Nis génère 50% de marge brute, il permet donc un
bénéfice brut de 50 Nis (100nis *50%).
Prenons plusieurs exemples du marché israélien :
Tout d’abord il faut savoir que la première source d’informations concernant les marges brutes de
chaque branche d’activité se trouve dans un livre édité par les impôts israéliens.
Effectivement la marge brute est un des outils du fisc pour déceler des ventes non déclarées dans les entreprises.
- Exemples :
- Le marché de l’habillement : la marge brute pratiquée sur ce marché est de 40%
si les fournisseurs sont en Israël et entre 50% et 60% si la marchandise est importée.
Par exemple chaque 1000 Nis de vente sur ce marché engendre un bénéfice brut de 400,
500 ou 600 Nis selon la provenance de la marchandise.
- Le marché de l’optique : la marge moyenne sur ce marché est de 65%.
Par exemple, chaque 1000 Nis de vente sur ce marché engendre un bénéfice brut de 650 Nis.
- Le marché de la restauration rapide (pizzeria-bagels-fallafel.) enregistre une marge brute
variant entre 65% et 75%.
Par conséquent la première étape dans l’étude de faisabilité de votre projet est de connaitre
sa marge brute.
Comment se calcule la marge brute ?
C’est une formule : prix de vente/ bénéfice (prix de vente –coût des ventes)
Par cette formule on comprend que la marge brute est une fonction directe du prix du marché
ainsi que des coûts des ventes.
En conclusion, afin d’évaluer le premier indicateur nécessaire à l’étude de faisabilité, il faut connaitre
les prix pratiqués sur votre marché ainsi que les couts des ventes.
Concernant la spécificité du marché israélien, l’hérogénéité créée par la diversité d’appartenance religieuse
(hiloni-dati leumi-haredi…) génère une demande entièrement différente pour des besoins identiques, ainsi que
des prix de ventes inégaux, ainsi que des chaines de communications séparées.
A titre d’exemple les supports papiers sont propres à chaque milieu et Internet est consulté par la population
orthodoxe.
Cette différence est très visible sur les marchés de l’alimentation en tout genre, de l’habillement et des loisirs.
- Les dépenses indirectes
Les dépenses indirectes sont l’ensemble des dépenses totalement indépendantes des ventes et qu’on doit compter
qu’il y ait des ventes ou non.
Elles comprennent le loyer, impôts locaux (Arnonna), masse salariale, électricité, téléphone, internet, publicité,
etc…
Voici quelques remarques propres au système israélien concernant certaines dépenses indirectes:
- L’Arnona, impôt local
Le tarif de l’Arnona varie selon le type d’activité.
C’est pour cela qu’il est très important de faire référencer son activité auprès de la municipalité et d’obtenir
si besoin est, un permis d’exercer (richaion essek) délivré par cette dernière. Il permet d’obtenir des allègements
d’Arnona allant jusqu’ à 75% dans certains cas.
Sachant qu’il arrive parfois que l’Arnona soit aussi élevée ou même plus chère que le loyer.
A titre indicatif, sur Jérusalem, l’Arnona commerciale pour une activité de service est d’environ de 320 Nis le mètre
carré a l’année, alors que celle d’un laboratoire de pâtisserie sera 70 Nis le mètre carré à l’année.
- La publicité
Comme nous l’avons expliqué plus haut, le support publicitaire dépendra essentiellement du type de public ciblé,
à savoir religieux-moins religieux etc.
De plus le budget publicitaire en Israel se doit être omniprésent et suffisant pour conserver au moins la place de
l’annonceur sur le marché des business existants.
Proches de la mentalité américaine, les israéliens sont des consommateurs difficilement fidélisables ce qui
nécessite une communication importante et régulière, même si les ventes sont en hausse régulière.
C’est pour cela que tout entrepreneur doit garder présent à l’esprit qu’il est fondamental dans 90% des cas de
communiquer dès le lancement de l’entreprise, quel que soit l’emplacement.
- La masse salariale
Il faut tenir compte d’une différence très importante avec le système français de charges salariales :
c’est la notion d’impôt à la source.
En effet chaque employé se verra déduit de ses charges sociales ainsi que de son impôt, sur sa fiche de paye
mensuelle.
En d’autres termes, si un employeur conclut un salaire net avec son employé, cela signifie que l’employeur paye
les charges sociales mais également l’impôt de son employé.
La deuxième grande différence est que le coût patronal est nettement plus faible qu’en France et directement lié
au brut des salaires payés. Cette charge obligatoire a deux composants : le bitouah leumi patronal et le fond de
retraite patronal.
Le bitouah leumi patronal a des pourcentages comme suit :
Jusqu’à un salaire brut de 6331 Nis environ le pourcentage est de 3,55%
Tout shekel dépassant les 6331 premiers shekels, coutera 7,6% à l’employeur.
- Le fond de retraite patronal
Il ne s’applique pas toujours dès le début du contrat d’un employé.
Si un nouvel employé ne bénéficiait pas d’un fond de retraite dans son emploi précèdent,
le nouvel employeur ne sera redevable qu’après 6 mois d’ancienneté de son nouvel employé.
Si le nouvel employé bénéficiait déjà d’un fond de retraite, son nouvel employeur sera oblige de lui payer son fond
de retraite après 3 mois d’ancienneté mais il sera rétroactif depuis le premier mois d’emploi.
- Les loyers
Le montant des loyers est très variable en fonction de l’emplacement : artère commerciale-canyon et bien-sûr
selon les quartiers la ville : cela variera entre 50-60 Nis le mètre carré au mois et 150 Nis le mètre carré.
Dans les activités commerciales en Israel, le loyer est souvent la part la plus importante des frais indirects
ce qui augmente le seuil de rentabilité de façon conséquente.
Sachant l’importance de la localisation pour la réussite d’une affaire, il est souvent préférable de tenir compte d’un loyer
élevé dans l’évaluation du seuil de rentabilité plutôt que de commencer une activité dans un mauvais emplacement
qui nécessitera un budget publicitaire encore plus élevé.
II – la trésorerie nécessaire
Lors d’une création d’entreprise le montant du financement nécessaire à l’exécution du projet est un problème souvent
mal appréhendé.
En effet il est important d’expliquer que le besoin de financement provient de deux sources:
- les investissements premiers
- le fond de roulement nécessaire jusqu’à l’obtention du seuil de rentabilité.
Concernant les premiers investissements, il est précieux de rappeler que le système bancaire israélien repose sur des
paiements à crédits courants, appelés ” tashloumim” en hébreu.
A titre d’exemple, un magasin d’optique pourra acheter l’appareillage ainsi que ses premiers stocks chez les fournisseurs
israéliens, en étalant les paiements sur 12 mois pour l’appareillage et 3-4 mois pour le stock des montures.
Cela peut donc influencer l’évaluation du financement dans la mesure ou les premiers paiements lourds ne sont pas avancés
avant l’ouverture du magasin.
Quant au fond de roulement nécessaire, il est habituel en Israel qu’un seuil de rentabilité s’obtienne au bout d’une période
variant entre 6 et 12 mois selon le type d’activité et son implantation.
S‘il n’était pas acquis après 12 mois d’activité il faudrait se poser la question sur la viabilité de l’activité.
En termes d’aide à la création d’entreprises, l’Etat israélien propose différents financements sous formes de prêts
à taux réduits qui s’obtiennent auprès du Mati et d’autres organisme.
III – Les tableaux comptables
A titre d’information, selon l’institut Israéliens des statistiques, 97% des entreprises qui déposent leur bilan témoignent
d’une absence ou d’une insuffisance de gestion financière et plus particulièrement de gestion de trésorerie.
Pour finir, une gestion financière efficace comprendra la tenue régulière de différents tableaux comptables permettant de
contrôler les différents points ci-dessous :
- La connaissance mensuelle du bénéfice de la structure
- La gestion hebdomadaire de la trésorerie prévisionnelle
- La détection de dysfonctionnement en temps réel permettant leur correction immédiate
- Le suivi et remaniement régulier des stratégies de développement ainsi que les moyens de communication mis
en œuvre.
Tout ceci pour maintenir l’entreprise sur les rails d’un développement fiable et durable sans déraillage imprévu.
Voici une présentation réduite mais utile des paramètres essentiels pour une gestion financière saine aidant l’entreprise
tant dans les phases de démarrage que dans la poursuite de son développement au quotidien.